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6 février 2014

CRIMINAL WOMAN : KILLING MELODY

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 CRIMINAL WOMAN : KILLING MELODY / ZENKA ONNA : KOROSHI BUSHI (1973)

UN FILM DE ATSUSHI MIHORI.
ÉCRIT PAR FUMIO KONAMI ET HIRO MATSUDA.
AVEC REIKO IKE / MIKI SUGIMOTO / CHIYOKO KAZAMA.

Maki (Reiko Ike) se retrouve en prison après avoir tenté de tuer le boss de Oba Industries, qui a assassiné son père. Accompagnée par d'autres détenues, elle va préparer sa vengeance.

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 Le genre du pinky violence est vraiment à part dans l'histoire du cinéma. C'est une somme d'éléments réunis au bon endroit au bon moment et d'où ont pu naitre des films totalement inédits et singuliers. A la fin des années 60, les gros studios japonais (notamment la Nikkatsu et la Toei) ont de plus en plus de mal à rivaliser avec la télévision. L'échec financier spectaculaire du film PROFOND DÉSIR DES DIEUX (Shohei Imamura, 1968) va même entrainer la Nikkatsu à changer sa ligne directrice et se concentrer sur des productions de moindre envergure. La Toei va suivre l'exemple, et va lancer le genre du pinky violence. Réalisateurs, acteurs et actrices reconnus, tous ont participé à ces grands bouleversements, et c'est comme ça que des films d'exploitations se sont retrouvés sur le devant de la scène, soutenus par des gens talentueux, et beaucoup de ces films furent des succès commerciaux au Japon. A ce contexte s'ajoute la montée du féminisme partout dans le monde, phénomène qui se verra bien sûr dans le genre du pinky violence avec des héroines fortes, souvent guerrières et revanchardes. Pour parachever ce concours de circonstances qui a propulsé vers le succès le film d'exploitation japonais, il faut aussi noter la montée de la blacksploitation aux États-Unis et son énorme influence sur le cinéma japonais. C'est pour toutes ces raisons que les films éstampillés pinky violence, concentrés de sexe, de comédie et d'action mettant en scène des femmes fortes, sont des films qui appartiennent à une époque précise, et c'est aussi ce qui les rend si facinants.

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Le film débute comme un Women in Prison, genre alors très en vogue au Japon depuis le succès retantissant de LA FEMME SCORPION. On suit un groupe de filles, qui racontent chacun leur tour la raison de leur incarceration. L'occasion de voir en flash back diverses scènes de violence, de perversité ou de vol. Avec cette approche, CRIMINAL WOMAN : KILLING MELODY se rapproche beaucoup du film ELLE S'APPELAIT SCORPION, qui traite de la culpabilité d'un groupe de détenues d'une façon très similaire. Mais très vite, on se rend compte que l'intérêt du film est ailleurs. Plus que le groupe, c'est sur un personnage que l'on se concentre, celui interprêté par Reiko Ike. Cette dernière nourrit un désir de vengeance envers le yakuza qui a ordonné l'exécution de son père. En prison, elle s'entoure d'un groupe d'autres détenues, mais déjà une rivalité s'installe entre Reiko Ike et un autre personnage, interprêté par Miki Sugimoto, qui semble être impliquée dans la mort de son père. Mais les rivalités de prison tournent court, car avec une ellipse assez vertigineuse, le film nous propulse quelques années plus tard, lorsque Reiko Ike sort de prison et compte exécuter sa vengeance. Adieu le Woman in Prison qui s'annonçait, le pinky violence dans la plus pure tradition du genre peut alors commencer.

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CRIMINAL WOMAN : KILLING MELODY est avant tout un film sur une rivalité, porté à l'écran par deux actrices alors très populaires, Reiko Ike et Miki Sugimoto. Elles ont déjà joué ensemble un bon nombre de fois, notamment dans la saga SUKEBAN ou dans TERRIFYING GIRLS HIGH SCHOOL, et leur complicité dans le film se ressent à chaque instant. Une complicité d'ailleurs mêlée à une rivalité également derrière l'écran puisque les deux actrices sont alors au sommet de leur gloire et incarnent toutes deux l'idéal féminin du pinky violence. Autant dire que les rôles qu'elles incarnent leur vont à ravir, et l'amitié fuyante entre ces deux personnages nourrit le film et le rend passionnant. Le film déploit d'ailleurs son intrigue autour de ce concept, et on retrouve ainsi tous les codes du pinky violence. Même si ce CRIMINAL WOMAN : KILLING MELODY est certainement moins sexué que certains autres films du genre, la sexualité du personnage de Reiko Ike est tout de même mise en avant. C'est avec son corps qu'elle s'infiltre dans le gang de Yakuzas et va prendre le dessus sur les hommes. Mais plus qu'un film érotique, c'est avant tout un film de vengeance, où les règlements de comptes s'enchainent et où le Yakuza, dominateur traditionnel face aux femmes, va voir ici le schéma s'inverser. On est en plein territoire du pinky violence, avec tout ce que cela implique. Le film ne surprend pas vraiment de ce point de vue là, et l'intrigue délivre ce qu'on peut attendre d'une production du genre. Mais l'intérêt du film ne réside pas dans son originalité. Ce qui force le respect c'est au contraire la façon dont il s'approprie tous ces codes du genre et les maitrise à la perfection. Le pinky violence est un genre qui a pu se parfaire avec le temps, et ce film en est un des plus beaux exemples.

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Si le film se distingue d'autres productions du genre, c'est donc en partie grâce à ses deux actrices. Les confrontations entre Reiko Ike et Miki Sugimoto sont lourdes de sens et très intenses dramatiquement. La réalisation prend le parti d'expliciter à l'extrême tous ces enjeux avec deux duels, qui sont sans aucun doute les scènes centrales du film. Un combat lors de la rencontre des deux personnage, et un autre à la fin du film, qui scellera l'amitié entre les deux femmes. La premier duel surtout, marque les esprits par sa durée. Dans une séquence de près de dix minutes, les deux actrices se battent au corps à corps jusqu'à l'épuisement, avec une rage et une fougue extrême. Elles sont prêtes à tout pour défendre leur honneur, et la violence, la durée et l'intensité de la séquence sont remarquables. Le duel est simplement ponctué par les cris des deux actrices, et lorsque son issu se fait sentir, la musique arrive alors, quelques notes très simples mais très belles, qui renforcent les enjeux dramatiques de la scène. C'est brillament exécuté, et c'est sans aucun doute le moment fort du film. Dans la même idée, le combat final, et son issu, forment une conclusion parfaite pour les deux personnages, mais également pour les deux actrices.

CRIMINAL WOMAN : KILLING MELODY est un des plus beaux exemples du pinky violence. Il contient tous les éléments qui font la force du genre et les perfectionnent pour en faire un film rempli de grands moments tout en restant complètement le produit d'un genre et d'une période précise. Mais surtout, il met en scène deux icones, Reiko Ike et Miki Sugimoto, deux actrices alors au sommet de leur carrière, et dont la complicité et la rivalité se ressent dans chaque plan du film.

-WAHO-


 SI VOUS AVEZ AIMÉ CE FILM, VOUS AIMEREZ AUSSI...

  • STRAY CAT ROCK : FEMALE BOSS (1970)  YASUHARU HASEBE
  • LA FEMME SCORPION (1972)  / SHUNYA ITO
  • TERRIFYING GIRLS HIGH SCHOOL (1973)  NORIFUMI SUZUKI

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